MERCI à Florence Burgat, philosophe et rédactrice en chef d’une publication universitaire à ce sujet : la Revue semestrielle de droit animalier.
«Bien sûr qu’il doit exister des cirques où les gens sont attentifs avec leurs animaux, qu’il existe une proximité entre animal et dresseur, admet Florence Burgat. Mais le principe du dressage, c’est de faire faire à l’animal quelque chose qu’il ne ferait pas spontanément.De même, on peut parler de maltraitance en ce qui concerne la captivité, cela prive l’animal de la potentialité d’une vie.»
Pour la philosophe et chercheuse intéressée par la condition animale, une question se pose aujourd’hui: «Est-ce que les cirques ne devraient pas anticiper la baisse d’intérêt pour les spectacles avec animaux?Il est possible que cela ne fasse bientôt plus rire personne. Dans le milieu scientifique et dans les médias, une réflexion émerge.Cette question acquiert du poids et de la légitimité.»
D’après elle, le fait qu’il soit légal de détenir des animaux sauvages et de monter des représentations autour de leur dressage bloque la réflexion.«On a l’idée que ce qui est légal est légitime», résume-t-elle. «Il faut se demander quel type d’animal on montre: un animal vaincu et dénaturé. Pourquoi donc montrer cela aux enfants? Les films animaliers sont plus éloquents, car ils font découvrir les animaux dans leur milieu naturel plutôt que de ne montrer que des animaux, certes réels, mais vaincus.»
Florence Burgat se souvient d’une visite dans un zoo lorsqu’elle était en classe de cinquième. «Nous avions dû faire une rédaction pour raconter la visite: déjà à l’époque, je disais que j’avais trouvé cela triste.J’y avais vu un hippopotame dans une baignoire.» Il s’agit pour la chercheuse de repenser ce qu’est un animal sauvage. «Des animaux, il y en a à la campagne.Il suffit d’attendre que la nuit tombe et on en voit partout. Un animal sauvage, ce n’est pas seulement un lion ou un tigre. Pour découvrir la vie sauvage, il y a autre chose que le cirque et le zoo.»
Elle tient aussi à rappeler qu’il «n’y a pas que notre intérêt en jeu». «Pourquoi part-on du principe que nous avons le droit de voir un animal dans n’importe quelles conditions?»